Équipe renforcée et formée, événements 100 % monnaie locale, opérations de sensibilisation… L’association MLC44 passe à la vitesse supérieure pour relancer l’usage de la monnaie locale dans tout le département.
Peu de monde, en plein mois d’août, à l’Intermarché de l’Éraudière, à Nantes. L’équipe de Moneko, partenaire du supermarché, tient un stand. Créé il y a un peu plus d’un an par l’association MCL44 (Monnaie complémentaire de Loire-Atlantique), Moneko résulte de la fusion du Retz’l et de la Sonantes, monnaies lancées respectivement en 2013 à Bouguenais et en 2015 à Nantes. L’une avait du mal à passer le cap délicat de la dématérialisation pour grandir. L’autre n’arrivait pas à trouver son marché.
Maël, 24 ans, s’arrête et pose des questions. Normal de s’y intéresser pour ce jeune banquier. « J’ai envie de comprendre », lance celui qui prévoit de consulter le site Internet (moneko.org) un peu plus tard, après le boulot.
De là à transformer des euros en monekos… « Pourquoi pas ! Mais je veux m’assurer que les commerces que je fréquente au quotidien en utilisent. Sinon, je ne vois pas l’intérêt. » Il pourra déjà le faire à l’Inter…
Moneko affiche aujourd’hui 250 entreprises avec environ six nouvelles chaque mois, 2 000 particuliers utilisateurs et treize comptoirs de change (des commerçants volontaires). L’équipe de cinq salariés est renforcée par des bénévoles, « qui se professionnalisent et se forment, notamment cet été auprès de l’eusko, dans le Pays basque, première monnaie européenne », fait savoir Thomas Maréchal, chargé de la communication.
Malgré la crise sanitaire qui a affecté certains projets, le volume d’échange de monnaie numérique a augmenté de 115 % entre mai 2020 (88 000 €) et mai 2021 (190 000 €). Fin 2020, ce sont 232 000 monekos numériques échangés.
De quoi faire mieux que ses petites sœurs ?
« Pour que ça marche, il faut dépasser le seul militantisme », prévient Christèle Ouary, 44 ans, animatrice du réseau.
Cet été, de nouvelles entreprises ont rejoint le réseau, notamment la brasserie Tête haute, Ô Bocal, mais aussi l’association culturelle et touristique les Hérons, à Nantes ou le collectif Cultivons les cailloux, à Ancenis. On peut donc utiliser ses monekos chez des commerçants, mais aussi dans des Amap (associations pour le Maintien d’une agriculture paysanne) et des lieux culturels comme la Maison du lac de Grand-Lieu, à Bouaye, les Machines de l’île ou le Cinématographe, à Nantes. Beaucoup se situent dans la métropole nantaise et le pays de Retz, mais l’idée est de couvrir tout le département, notamment sur la base de circuits touristiques.
Le travail se fait également avec les collectivités, notamment la ville de Nantes, qui a adhéré en avril. Des projets sont en réflexion comme les subventions aux associations en monnaie locale ou le paiement d’indemnités d’élus, sur la base du volontariat.
Pour promouvoir l’utilisation de la monnaie locale auprès des particuliers, l’asso organise aussi des événements 100 % Moneko. Comme cela sera le cas aux portes ouvertes du jardin Bioretz de Sainte-Pazanne, le 05 septembre, ou à Ancenis, pour la fête des Possibles, le 25 septembre. Idéal pour une première prise en main.
La France est le Pays qui compte le plus de monnaies locales, plus de 80, pour l’équivalent de cinq Millions d’euros. On trouve Par exemple le galais de Ploërmel, le Segal de Lorient, le galéco de Rennes-Redon, le buzuk de Morlaix, l’ourse de La Roche-Bernard – Questembert, l’éole de Brest, la maillette de Dinan, la muse d’Angers. Le moneko est dans le top 5.
Comment ça marche ?
Moneko se présente à la fois sous la forme de sept billets physiques imprimables (0,5, 1, 2, 5, 10, 20 et 44 mk !) et de monnaie dématérialisée utilisable Via smartphone. 1 € équivaut à 1mk. On peut se la procurer via un virement bancaire sur le site moneko.org ou en échangeant ses euros contre des coupons auprès de commerçants adhérents ou de l’association MLC44.
Elle peut être échangée entre commerces, entreprises et particuliers adhérents. L’objectif : favoriser les échanges économiques locaux responsables, les circuits courts et de proximité. Une boucle vertueuse qui sert uniquement l’économie réelle et locale. Ainsi, le moneko circule entre plusieurs mains, uniquement en Loire-Atlantique, et permet de créer une richesse locale.
Source : Ouest-France Stéphanie LAMBERT. Publié le 23/08/2021 à 07h29